Dans le cadre de la CIDE (Convention Internationale des Droits de l’Enfant) , Apprentis d’Auteuil Sud-Ouest et le Barreau de Bordeaux ont co-organisé leur 4ème conférence le 6 décembre au Conseil départemental de Gironde. L’événement a mis en lumière les témoignages de jeunes et l’expertise de professionnels de la protection de l’enfance et d’avocats spécialisés. Devant un public de donateurs, collaborateurs, élus, partenaires, avocats et étudiants, les intervenants ont discuté du droit à un environnement sain.
« Cette conférence incarne pleinement notre mission à Apprentis d’Auteuil : promouvoir et faire vivre les droits de l’enfant », c’est ainsi que Bruno Galy, directeur régional adjoint Sud-Ouest, s’est adressé en ouverture de la soirée à plus de 150 invités qui avaient répondu présents à l’invitation de l’équipe régionale d’Apprentis d’Auteuil. « Nous partageons une même ambition : rendre effectifs les droits de l’enfant. Engageons-nous pour promouvoir le droit à un environnement sain », a ajouté Maître Jérôme Delas, du barreau de Bordeaux. Céline Goeury, première vice-présidente du Conseil départemental de la Gironde, a quant à elle salué les initiatives locales portées par Apprentis d’Auteuil : « Je tiens à souligner les dispositifs de la Touline et les Relais Familiaux, qui sont particulièrement qualitatifs. »
“Qu’est-ce que le droit à un environnement sain ?”
C’est Pierre-Louis, un jeune accueilli au sein de l’établissement Saint-Joseph, qui a ouvert le débat autour de cette première question. Il a ému le public en partageant son histoire et son vécu face au harcèlement qu’il a malheureusement subi dans son ancien établissement. Ses mots ont fait réagir l’auditoire : « Vous avez le devoir de nous protéger contre toute forme de violence. »
De son côté, Aline a partagé avec émotion son parcours et les épreuves qui l’ont poussée à prendre le chemin de l’exil, quittant à 14 ans son pays natal, le Congo, pour rejoindre la France. Elle a souligné : « Chez moi, au Congo, la plupart des enfants ne grandissent pas dans un environnement sain. Si je devais faire quelque chose pour les enfants, j’aiderais les parents. Il faut partir de la source pour résoudre les problèmes. »
Pour Maître Marine Garcia, « le droit à un environnement sain est appliqué de façon extrêmement aléatoire, car il dépend de l’applicabilité dans chaque pays. » Cette réalité explique les disparités entre les nations et leur manière de garantir ce droit essentiel au développement des enfants et des jeunes. Elle souligne également : « Il y a une réticence à instaurer un droit contraignant au niveau international. »
Amélie Guibert a ensuite interpellé le public présent : « Il y a urgence à agir pour rendre effectif le droit à un environnement sain, car de grandes disparités territoriales subsistent. »
“Donnez-nous le droit de grandir dans une nature belle, apprenante et nourricière.”
Avec beaucoup d’humour et une belle dose de courage, Kenji, jeune accueilli à la Maison d’Enfants Saint-Joseph, a captivé le public en exprimant son ambition de dépolluer les mers : « Quand je mange du poisson qui a mangé du plastique, alors finalement, je mange du thon au plastique ? » Il a ensuite lancé un appel à l’action : « Moi, Kenji, je prends un challenge : ne jamais jeter un sac plastique ou des cotons-tiges sur la plage. Et vous ? »
Le droit à un environnement sain repose également sur une éducation adaptée. Maître Julien Viera, spécialiste en droit de l’environnement, a souligné l’importance du lien entre éducation et citoyenneté : « L’éducation aux Objectifs de Développement Durable est une compétence transversale : il faut comprendre les enjeux pour agir en tant que citoyen. »
“Garantissez-nous un cadre de vie serein et bienveillant.”
« Je n’ai pas demandé à vivre toutes ces choses. D’ailleurs, je n’ai pas demandé à vivre. Alors les adultes devraient réfléchir aux conséquences quand ils font des bébés. » Ces mots poignants ont été partagés par Mannon, jeune accueillie à l’Eclaircie de la Maison d’Enfants Saint-Joseph, par l’intermédiaire de son éducatrice. En réponse à cela, Vincent Peudenier, directeur de la Maison d’Enfants Saint-Joseph, a souligné l’importance de l’accompagnement : « On doit les aider à relire leur histoire, reconnaître les violences qu’ils ont subies et les aider à construire leur avenir. »
Olivier Tourame, architecte du projet “La Maisonnée”, et Georges Merza, directeur de la Maison d’Enfants MAMINA Marie, ont mis en avant l’importance du dialogue entre jeunes et professionnels dans la création de leur lieu de vie : « Nous avons donné une égale importance à la parole des jeunes et des professionnels. »
Kildine Brochard, Responsable des Ressources Humaines Sud-Ouest chez Apprentis d’Auteuil, a quant à elle rappelé l’importance de la posture des adultes dans leur relation avec les jeunes : « Comment concevoir qu’un jeune se livre s’il perçoit que l’adulte en face de lui n’est pas en vérité ? La relation est au cœur du travail éducatif. » Cette approche, fondée sur l’authenticité et la confiance, fait écho aux valeurs fondamentales de la fondation.
De son côté, Cynthia Blanc, ancienne accueillie à la Maison d’Enfants Saint-Joseph, a partagé un témoignage marqué par la résilience et l’espoir : « Avant, je vivais dans l’insécurité et la violence. J’ai découvert la bienveillance. » Aujourd’hui, forte de son parcours, elle se projette sereinement dans l’avenir et se prépare à accueillir son premier enfant, déterminée à lui offrir tout ce qu’elle-même a reçu.
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