La parentalité : un enjeu essentiel pour la société

PARENTALITÉ 1/4 Le sujet de la parentalité est un défi au quotidien : offrir un soutien nécessaire aux familles et prendre conscience de l’impact fondamental de l’éducation et de l’environnement familial sur le développement de l’enfant. Une commission scientifique avait été créée dans ce but en 2023. Le 13 février, elle a remis à la Ministre Catherine Vautrin, un rapport intitulé « Pour une société partenaire des parents », proposant 40 mesures visant à restaurer une « autorité bienveillante » et à soutenir les parents, notamment les plus vulnérables.

Cet article marque le début d’une série de quatre explorations sur la parentalité. Au fil des prochains articles, nous aborderons des thématiques essentielles telles que l’éducation, l’impact des écrans, la culture et la migration, pour mieux comprendre les défis et les enjeux auxquels sont confrontés les parents d’aujourd’hui.

Dans le cadre de la politique familiale, de nombreuses ressources existent déjà : prestations sociales,  congés parentaux, aides fiscales mais aussi tout un dispositif d’accompagnement avec les Centres de PMI ou les Maison de la Parentalité que la Commission suggère de densifier.

Autour de valeurs comme l’égalité, l’équité territoriale, la prévention, l’inclusion, la coopération, l’équilibre, la diversité, la Commission appelle les parents « à devenir partenaires de la société dans un esprit de coéducation et de codéveloppement ». L’accent est mis sur l’implication plus importante des pères dans l’éducation de leur enfant, sur les familles monoparentales, les familles en précarité, les familles en crise, la lutte contre la maltraitance avec des dispositifs d’accompagnement renforcés et la création d’un numéro vert national 115 destiné à fournir une écoute et des conseils.

Il est également envisagé que l’école puisse devenir un acteur important avec une collaboration enseignants/parents afin d’aider ces derniers à mieux comprendre les enjeux scolaires et à soutenir l’enfant dans les devoirs et la vie scolaire. Dans ce but les parents pourraient bénéficier de 4 demi-journées de congé.

Malgré cette volonté, ces actions gouvernementales ont leurs limites, la première étant les inégalités d’accès aux dispositifs selon les régions, notamment chez les familles précaires et dans les zones rurales. Les nouvelles initiatives sont parfois perçues comme peu concrètes ou inadaptées aux réalités des familles, voire superflues comme le label honorifique de « Ville amie des parents »

A la fondation, la parentalité est un sujet central : accompagner des familles permet d’agir en amont et de s’occuper de prévention. L’ouverture de lieux propices à la parole, au partage, au respect, aide les familles en difficulté, les jeunes parents, les familles fragilisées par des problématiques sociales à franchir la porte afin d’y trouver de l’écoute, des conseils, du réconfort. Ils y trouvent un accompagnement pour sortir de l’impasse, rompre l’isolement et prévenir les ruptures familiales qui peuvent mener à des situations de mise en danger des enfants.

 Familles et parentalité : Emilie Casin-Larretche, coordinatrice du pôle “Familles et Parents” confirme : « A la fondation, nous considérons qu’il est possible de protéger à la fois l’enfant et d’étayer la fonction parentale en respectant le cadre de nos missions ». Elle utilise d’ailleurs le terme de « coéducation ». Dans cette perspective, des dispositifs innovants ont été mis en place :

• Maisons des familles : 24 maisons réparties dans 17 départements en métropole et en outremer, dont une à Bordeaux et une à Toulouse. Lieux chaleureux et gratuits, de rencontre, de parole et d’entr’aide ouverts à tous, les parents y sont accueillis librement, gratuitement et d’une façon anonyme avec ou sans leurs enfants. A travers des échanges ou des ateliers, elles offrent aux familles un espace de répit, de partage d’expérience, mais aussi de soutien et de conseils donnés par des professionnels à l’écoute. Elles visent à rompre l’isolement et le danger du repli sur soi au profit de l’entr’aide et de la solidarité.

• Relais familial : Ce sont des structures d’accueil constituées d’un petit nombre d’appartements et d’une plateforme de soutien à la parentalité pour des familles rencontrant des difficultés éducatives et sociales, associées à une situation de mal-logement. L’objectif étant de recréer des liens familiaux dans le cadre d’un quotidien partagé et sécurisant et de déboucher à la sortie du relais sur un accompagnement sur mesure à domicile plutôt que sur un placement. Les résultats sont encourageants avec très peu de placements après la sortie du dispositif.

• Crèches à vocation d’insertion professionnelle : Ces crèches sont implantées dans les quartiers prioritaires. 70% des enfants accueillis sont issus de familles bénéficiant des minima sociaux. Elles veillent au développement émotionnel de ces très jeunes enfants ainsi qu’à l’apprentissage du langage. Enfin elles accompagnent les parents vers la formation ou l’emploi et bénéficient d’horaires étendus pour les parents travaillants en horaires décalés. Il y en a 5 en Sud-Ouest dont 1 à Bordeaux, 1 à Perpignan et 3 à Toulouse dont la toute nouvelle « L’Escale » qui a ouvert en janvier.

• Accueil de jour ou temporaires d’enfants ou de jeunes : En exemple, le programme Coup d’pouce, un dispositif expérimental qui permet d’accueillir les enfants 24 h/24 durant toute l’année avec un accueil, du soutien et des conseils adaptés à chaque situation pour venir en relais des parents lorsqu’ils rencontrent des difficultés passagères. Leur charge mentale ainsi allégée, il leur est plus facile de gérer des situations difficiles, de retrouver une estime de soi. Dans ce dispositif, la parole, l’écoute, la confiance est importante.

• Les Maisons d’Enfants à caractère social (MECS) : Elles offrent un accompagnement global des jeunes en situation de fragilité et un soutien à leurs parents. Les éducateurs y organisent des rencontres familiales régulières pour travailler sur la communication et les relations au sein de la famille. A la MECS Sant-Jordi, Jacques Émilewoldemard, assisté d’un psychologue et de 5 professionnels, gère un dispositif offrant un lieu dont le but est de conserver le lien familial pour tous les enfants de l’ASE. Des espaces de visites et un appartement collé à la Maison des Famille permet différents types de modalité de rencontres entre l’enfant et sa famille, dans le cadre des décisions du Juge pour Enfants.

• Partenariat et actions collectives : Pour mener à bien toutes ces initiatives, la Fondation met en place des partenariats avec des services sociaux, des municipalités, des associations locales et collabore avec les établissements scolaires pour favoriser la réussite des enfants et l’implication des parents dans l’éducation.

Les actions du gouvernement et de la fondation Apprentis d’Auteuil si elles se complètent, répondent parfois à une logique différente. Le gouvernement vise un soutien à grande échelle, utilise des moyens législatifs, administratifs et financiers, mais son action peut souffrir d’un manque de personnalisation dans le suivi des familles. Tel fut le souhait d’Emilie Casin-Larretche : Une politique globale de long terme avec consultation des acteurs de terrain.

En effet, la fondation, en se positionnant comme un acteur clé du soutien à la parentalité, offre un accompagnement plus personnalisé et ciblé en apportant, grâce à une approche préventive, de soutien et un objectif d’autonomisation des familles, des solutions pratiques et humaines aux parents en difficulté.