PARENTALITÉ 2/4 Les parents ont un rôle essentiel pour aider leurs enfants à grandir. Pour cette raison, le soutien à la parentalité est central dans les actions de la Fondation Apprentis d’Auteuil.
La parentalité désigne l’ensemble des façons d’être et de vivre le fait d’être parent. Elle se distingue de l’éducation, qui fait référence à l’ensemble des apprentissages et des compétences que l’on cherche à lui transmettre à la maison, à l’école ou ailleurs. Quel que soit l’âge de l’enfant, le parent peut se sentir démuni face aux difficultés qu’il rencontre (ponctuelle ou durable), d’autant plus lorsque le contexte familial, social ou économique est complexe. Les difficultés sont, souvent exacerbées par une conjoncture dont ils ne sont pas responsables, la précarité, l’isolement, le manque de relais ou de soutien. En février 2025, un sondage sur la parentalité, commandé à Opinion Ways par la Fondation Apprentis d’Auteuil* rend compte de la réalité sur le terrain, et met en lumière les difficultés rencontrées par nombre de parents : ainsi 53% se disent en état d’épuisement.
Au sein de la fondation, des structures ont été mises en place pour répondre à ces besoins. Notre philosophie repose sur une vision dynamique de l’accompagnement parental. Nous identifions et répondons aux besoins spécifiques de chaque famille. La co-éducation est notre fil conducteur : non pas se substituer aux parents, mais cheminer à leurs côtés pour renforcer leurs compétences éducatives.
Garantir un cadre bienveillant, un défi pour les parents
Dans les années 90 et surtout à partir des années 2000, les nouvelles approchent éducatives ont repensé l’autorité stricte et ont mis l’accent, plutôt, sur la nécessité de prendre en compte l’enfant en tant qu’individu, avec ses besoins, ses émotions et ses limites. Selon ces approches, l’autorité y est perçue comme une forme d’accompagnement respectueux et bienveillant : un parent qui crée un environnement bienveillant, qui écoute et soutient son enfant, l’aide à développer sa confiance, ses compétences émotionnelles sociales pour grandir et s’épanouir dans la société.
Voici quelques principes que nous retrouvons souvent dans nombre de ces nouvelles approches :
– établir une relation émotionnelle forte et sécurisante entre le parent et l’enfant pour le bien-être et le développement psychologique de ce dernier.
– être un exemple dans les valeurs que le parent veut lui enseigner afin de le guider vers un comportement adapté et mutuellement respecteux car l’enfant apprend énormément par imitation.
– encourager plus volontiers l’expression des émotions et des opinions de l’enfant pour favoriser la communication.
– encourager l’autonomie de l’enfant en lui donnant des responsabilités adaptées à son âge pour qu’il apprenne par l’expérience et puisse progressivement prendre des décisions et agir seul.
Mais nous le savons si nous concevons aujourd’hui l’autorité éducative davantage comme un accompagnement et une écoute de l’enfant, les polémiques sur ce que doit être ou ne doit pas être l’autorité sont nombreuses. C’est le cas de ce qu’on appelle « l’éducation positive ». Pour certains, cette approche, qui recommande de ne jamais entrer dans un rapport de contrainte avec l’enfant, invite les parents, à déployer positivement écoute, patience et compréhension. Mais de nombreux témoignages indiquent qu’elle peut être vécue comme épuisante et difficile à concilier avec les exigences du quotidien.
Si nous ajoutons qu’avec le développement des réseaux sociaux, les parents se trouvent face à une abondance d’informations parfois contradictoires sur l’éducation des enfants. Nous comprenons que puisse surgir un sentiment de confusion, de pression sociale, surtout lorsque sont partagés des témoignages de réussites éducatives idéalisées qui génèrent un sentiment de culpabilité, voire une perte d’estime de soi. Dans le sondage, nous remarquons que les parents de moins de 35 ans sont les plus en difficulté. Sans doute par manque d’expérience bien compréhensible, ils sont plus vulnérables que les parents plus âgés : par manque de temps ou de patience, ils établissent des limites fluctuantes qui peuvent être angoissantes pour l’enfant. Sans repères clairs, notamment en ce qui concerne la discipline et les limites, celui-ci développerait un refus de l’autorité et de la frustration qui compromettrait ses bonnes relations familiales ou scolaires, sans bien le préparer à affronter les défis réels, comme la gestion de l’échec, la concurrence, ou les conflits.**

Epauler les parents, pour mieux accompagner les enfants.
Conscient des défis que rencontrent les parents, nous choisissons à la fondation de les accompagner dans leur rôle éducatif. Nous préférons parler d’éducation bienveillante, en ce sens qu’elle favorise une attitude sécurisante et favorable au bon développement de l’enfant. Les professionnels adaptent leur approche à chaque enfant et à son contexte, valorisant son expression et renforçant sa confiance, en collaboration avec ses parents. Nous savons que la communication, l’accueil de ses propres émotions et de celles de son enfant ne sont pas forcément faciles et sont pourtant centrales pour permettre le bon épanouissement de l’enfant, à la maison, à l’école et dans tous les aspects de son développement***.
Des actions concrètes pour écouter et valoriser la parole des familles
Accueillant majoritairement un public fragile, la prise en compte de la réalité est au cœur des actions de la fondation. Plusieurs initiatives en sont la preuve :
– Depuis 2012, à chaque campagne présidentielle et afin d’interpeler les politiques, est édité un livre blanc qui est un plaidoyer rédigé avec la participation des jeunes et des familles dans la démarche de penser et agir ensemble. Ce plaidoyer met, entre autres, la lumière sur leurs besoins et leurs aspirations tout en les aidant à être acteur de leur vie. Notre plaidoyer se donne l’ambition de relayer durablement leur parole dans le débat public.
– Les professionnels du dispositif « Ecoute Info Famille » (01 81 89 09 50) répondent gratuitement aux questions de parents et dispensent conseils et pistes de réflexion au plus près des demandes et des besoins.
– Pour fêter les efforts et les succès de leurs bénéficiaires et afin de développer l’estime de soi, la fondation organise depuis 16 ans, au mois de novembre « la Semaine de la Réussite ». Quels qu’ils soient, les talents de chacun, petits et grands et équipes éducatives, sont mis en valeur lors d’une célébration conviviale, en présence des familles, des partenaires et des donateurs.
– Enfin ce tout récent sondage intitulé « Les français et les défis de la parentalité » qui met le doigt sur la difficulté à être parent aujourd’hui et qui permettra de cibler au mieux les actions déjà engagées et de futures initiatives : plus d’1 parent sur 2 se sentent épuisés et dépassés et plus particulièrement les femmes, les familles monoparentales et les familles en situation de précarité.
Le projet éducatif d’Apprentis d’Auteuil qui prend en compte la personne dans sa globalité, est conçu pour aider les jeunes à devenir des citoyens responsables, pour les aider à construire une vie autonome et professionnelle. À travers une dynamique de communauté éducative « Penser et agir ensemble », la parole est donnée aussi bien aux familles, aux jeunes qu’aux éducateurs afin qu’ils puissent partager leurs idées, confronter leurs points de vue et s’ouvrir aux autres. C’est au sein de structures comme les Crèches multi-accueil à Vocation d’Insertion Professionnelle, les Maisons des familles ou les centres parentaux que sont organisés dans cette dynamique, rencontres, échanges, conseils et ateliers thématiques.
Rencontre avec Virginie, animatrice à la Maison des Familles de Bordeaux. « Justement, nous organisons régulièrement des groupes de parole YAPPP (Ya Pas de Parents Parfaits) avec des familles et une intervenante qui répond à leurs questions. Vendredi dernier nous avions choisi le thème : Comment puis-je corriger mon enfant, ai-je le droit de le taper ou pas ? Nous recevons des familles qui arrivent de différents pays et dont les codes culturels sont très différents les uns des autres. L’idée, à partir du vécu de ces familles, est de proposer des outils autour de 2 ou 3 séances. Par exemple : comment puis-je réadapter mon attitude, comment faire pour parler tous le même langage… »

Lutter contre l’échec scolaire : impliquer les familles dans le parcours éducatif
Dans les maternelles, primaires, collèges et lycées, la fondation s’est fixé l’objectif d’accompagner les élèves qui risquent de décrocher scolairement, dès le plus jeune âge. Dans cette démarche, nous avons à cœur de travailler main dans la main avec les parents.
Au Collège Sainte-Bernadette de Pau, par exemple, grâce au Projet Personnalisé du Jeune (PPJ) chaque élève en difficulté est encadré, écouté et encouragé dans son effort d’apprentissage. L’accent est mis sur la communication grâce à des échanges entre la famille, l’éducateur, les professeurs référents et le jeune afin de fixer des objectifs et de valoriser ses points forts. Le projet pastoral ou des projets en partenariat avec d’autres organisations et entreprises proposent aux élèves de participer à des actions humanitaires, caritatives, sportives, occasions d’aller à la rencontre de l’autre et de trouver un sens à ses actions.
Autre exemple, le Service de Prévention des Ruptures Educatives et Scolaires (SPRES) qui propose un accompagnement personnalisé dans les collèges privés de l’agglomération de Pau. Cette démarche collaborative implique des enseignants et des éducateurs qui interviennent directement auprès des élèves, en associant étroitement les parents pour prévenir le décrochage scolaire et restaurer la dynamique d’apprentissage.
A travers ses actions et ses structures, la Fondation Apprentis d’Auteuil soutient les parents dans leur mission éducative pour donner à chacun les clés d’épanouissement et de réussite, en respectant ses besoins et son parcours. Selon le sondage, 64% des parents expriment le fait d’avoir besoin de temps pour eux pour se ressourcer ou pratiquer une activité qui leur font du bien. La fondation leur apporte aussi cette possibilité de se rendre dans les lieux que sont les Maisons des familles ou les crèches multi-accueil afin d’y trouver un moment de répit, de confier leurs enfants pour quelques heures ou de participer à des activités créatives. Ce sera le sujet de notre prochain article.

* Sondage « Les Français et les défis de la parentalité », réalisé par OpinionWay auprès de 1003 parents d’enfants(s) âgé(s) de moins de 18 ans
** https://www.lepoint.fr/societe/education-la-guerre-est-declaree-09-04-2023-2515504_23.php ; https://www.telerama.fr/debats-reportages/pourquoi-l-education-positive-nous-rend-tous-zinzins-7015283.php ; https://www.scienceshumaines.com/l-education-positive-face-a-ses-limites_fr_904.htm ;